L’industrie du textile se classe au deuxième rang parmi les industries les plus polluantes au niveau mondial mais cette tendance pourrait être inversée en adoptant les pratiques d’économie circulaire.
Qu’est-ce que l’économie circulaire
L’économie circulaire représente un système économique et industriel ayant pour objectif la fabrication durable de biens et services, tout en prolongeant autant que possible la circulation des produits, de leurs composants et des matériaux à l’intérieur du système. Ce modèle économique vise à réduire la consommation et le gaspillage des ressources ainsi que la production de déchets. Il s’oppose à l’économie linéaire qui jette les articles et les matières premières en fin de vie économique.
Cette approche repose sur l’établissement de cycles de valeur positifs à chaque étape de l’utilisation ou de la réutilisation des matières ou des produits avant leur élimination finale. L’économie circulaire privilégie l’adoption de nouvelles méthodes de conception, production, consommation et gestion des ressources.
Industrie du textile et son impact sur l’environnement
La fabrication de textiles implique une chaîne d’approvisionnement mondiale complexe, incluant producteurs de fibres, transformateurs, tisserands, teinturiers, fabricants, et distributeurs. Malgré les multiples applications des textiles, allant des intérieurs aux revêtements automobiles, en passant par les géotextiles, les agrotextiles et les textiles hygiéniques, le secteur est principalement orienté vers la mode.
Le modèle de production, de distribution et d’utilisation actuel est largement linéaire, entraînant des conséquences environnementales et sociales négatives à toutes les étapes de la chaîne de valeur. En 2022, il était estimé qu’elle était responsable de 8 à 10% des émissions mondiales de carbone.
Au cours des quinze dernières années, la production de vêtements a doublé en raison de la popularité de la fast fashion et de l’essor des classes moyennes. Face à une concurrence accrue et à une pression sur les prix dans le secteur de l’habillement, les détaillants misent sur l’augmentation des volumes de vente pour maintenir leur chiffre d’affaires, ce qui entraîne également une augmentation des stocks excédentaires.
La fabrication de vêtements requiert diverses ressources, principalement de l’eau pour la culture du coton et les phases de teinture. Pour donner un exemple, environ 7 000 à 11 000 litres d’eau sont utilisés dans la production d’une paire de jeans. Alors que la consommation moyenne en eau d’une personne à revenu modeste est de 90 litres par jour.
Par ailleurs, l’industrie textile dépend largement des énergies fossiles, car les fibres synthétiques telles que le polyester et le polyamide, sont dérivées du pétrole. Actuellement, le polyester domine avec une part de 60% des fibres employées, et cette proportion devrait doubler d’ici 2030.
De plus, l’industrie textile engendre une variété de pollutions tout au long du processus de fabrication des fibres (utilisation de pesticides et d’engrais pour le coton, qui constitue 26 % des fibres utilisées), durant la phase de production (rejets d’eaux de teinture contenant des substances toxiques) et lors de l’utilisation (libération de microfibres plastiques).
La production et le transport des textiles engendrent environ 1,2 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an, surpassant ainsi les émissions combinées de tous les vols internationaux et du transport maritime. Ce qui a un impact significatif sur l’environnement. La fabrication d’un vêtement implique une longue chaîne d’approvisionnement mondiale. Par exemple, un jean peut voyager jusqu’à 1,5 fois le tour de la Terre, passant par différentes étapes, de la plantation de coton à la vente en boutique.
Enfin, la dégradation des déchets textiles dans les décharges et/ou leur incinération libère dans l’environnement des produits chimiques nocifs et des gaz à effet de serre (GES).
Pour réduire son impact sur les émissions de gaz à effet de serre et, en fin de compte, sur le changement climatique, l’industrie de la mode doit passer d’une approche de réduction modérée des émissions à une approche plus vigoureuse. Cependant, la mondialisation, la quête de croissance économique et l’absence de politique mondiale efficace entravent la mise en place d’un système de mode durable.
Les solutions incluent des avancées techniques, des modèles agricoles régénératifs, le recyclage, les biomatériaux, la réutilisation et la revente, favorisant ainsi une économie circulaire.
Économie circulaire dans l’industrie du textile
L’économie circulaire offre des solutions pour réimaginer la production des produits de l’industrie textile et optimiser l’utilisation des ressources.
Réduire les déchets textiles
Lors de la production, la découpe des pièces de chaque habit engendre entre 20 et 30 % de déchets de tissu. Si les créateurs repensent la conception de nos vêtements, ils peuvent optimiser l’utilisation du tissu, voire créer des modèles zéro déchet, sans surplus de tissu.
Utiliser des fibres et tissus durables
La sélection du textile, des éléments d’ornement (boutons, rivets, etc.) et des motifs influe sur la recyclabilité du produit en fin de vie (démantèlement et recyclage). Seulement 30 % d’un jean peuvent être recyclés en raison de ses multiples points de fixation (coutures) et de ses accessoires métalliques.
Un approvisionnement écologique contribue également à diminuer l’empreinte environnementale et favorise la recyclabilité du produit. L’utilisation du coton biologique, nécessitant moins d’engrais chimiques et de pesticides, peut atténuer son impact environnemental.
D’autres fibres naturelles moins courantes se révèlent beaucoup plus respectueuses de l’environnement : la culture du lin ne requiert pas d’irrigation, peu d’intrants et exclut les organismes génétiquement modifiés (OGM). Le chanvre présente des caractéristiques comparables.
Concernant les fibres synthétiques, le lyocell est fabriqué à partir de cellulose d’eucalyptus et est privilégié par rapport à la viscose car les solvants naturels non nocifs utilisés pour transformer le bois en fibre sont recyclés à hauteur de 99 %.
Durée d’usage
L’un des principaux moyens d’atténuer l’impact environnemental du secteur ainsi que la surconsommation, consiste à limiter l’achat de nouveaux vêtements et ainsi prolonger autant que possible la durée d’utilisation de chaque article vestimentaire, réduisant ainsi entre autres la production de déchets.
Matière première de qualité
Le choix de la qualité des tissus joue un rôle crucial dans la pérennité des vêtements. Quelques entreprises offrent des produits assortis de garanties, assumant ainsi la responsabilité de la qualité des textiles qu’elles commercialisent. Certaines vont même jusqu’à garantir les vêtements remis à neuf. De plus, les vêtements peuvent être conçus pour être multifonctionnels, adaptés à plusieurs occasions et environnements, limitant ainsi le besoin d’acheter plusieurs pièces.
Le marché de la vente de vêtement d’occasion est une autre alternative pour allonger la durée de vie d’un produit et celui-ci est en pleine croissance.
Nouveaux modèles économiques
Afin d’éviter l’inactivité de nos vêtements dans les armoires, de nouveaux modèles économiques, fondés sur l‘économie de la fonctionnalité émergent.
D’autres solutions sont en place, telles que les plateformes de partage et de location de vêtements, ainsi que les services de réparation offerts par les marques pour encourager la préservation des vêtements. L’engagement du consommateur renforce le lien affectif avec les textiles, tandis que les options de personnalisation et les ateliers de couture ou de recyclage constituent des services supplémentaires offerts par les marques.
Comprendre les exigences des clients et exploiter les opportunités économiques qui en résultent sont des aspects cruciaux de la transition vers une économie circulaire. Il est impératif de mobiliser tous les acteurs pour participer à ces transformations substantielles des habitudes de consommation.